Pendant la guerre de 1870, qui met fin au règne de Napoléon III, les vignes sont dévastées, et Paris assiégé. Après le retrait des Prussiens, la Champagne entre dans un âge d'or, qui durera jusqu'en 1914. En réaction aux horreurs de la Première Guerre mondiale, on donnera le nom de Belle Époque à cette période de paix, de gaieté et de prospérité, au cours de laquelle les arts et les sciences vont fleurir.
C'est l'époque de Toulouse-Lautrec, de Maxim's et des Folies Bergère. Copiant la haute société parisienne - le Tout-Paris -, les bourgeois se rendent à des diners où le champagne coule à flots. L'image de ce vin est omniprésente, des affiches du métro aux publicités publiées dans les magazines : on cherche à véhiculer la «joie de vivre» dont ses bulles sont porteuses. Le sexe sera un thème récurrent. Une Maison décide de représenter un vieux gentleman grivois qui, genoux à terre, se bat avec la jarretière d'une jeune femme, probablement sa maîtresse : la Maison offre une paire de jarretières à chaque bouteille de champagne achetée.
Mais tandis que Paris se prepare pour l'Exposition universelle de 1889, qui aura pour porte d'entrée une structure métallique destinée à être «provisoire » - la tour Eiffel -, Eugène Mercier fait tirer par 24 boeufs blancs et 18 chevaux, jusqu'à la capitale, le plus grand fût de champagne au monde. La nouvelle de cette publicité spectaculaire se répand jusqu'à San Francisco.C'est pour leur image que les grandes Maisons de Champagne tirent parti de Paris, de sa décadence fin de siècle et de son glamour, mais leur attention est plus tournée vers les marchés étrangers qui commencent à se développer, telle l'Amérique.
Charles Heidsieck, le « Charlie du champagne», a traversé pour la première fois l'Atlantique en 1852 et a été capturé par les troupes de l'Union pendant la guerre de Sécession. Au cours de la décennie ayant suivi la fin de cette guerre (1865), les exportations vers les États-Unis avoisinent les 400 000 bouteilles, la Maison Piper-Heidsieck arrivant en tête. En 1876, Mumm a sorti le Cordon Rouge, qui a tout de suite connu un immense succès en France. Les touristes n'avaient aucun mal à se souvenir de ce champagne en raison précisément du cordon rouge passé autour du col de la bouteille. Cinq ans plus tard, il fut lancé aux États-Unis et se répandit vite dans les night-clubs, les restaurants et les maisons closes, de même que dans les clubs de jazz de la Nouvelle-Orléans, où fut même joué Cordon Rouge Galop. En 1903, le White Seal de Moët & Chandon sera le plus vendu aux États-Unis : Moët y exportera en effet 1 200 000 bouteilles, soit le quart de toute sa production.